26

La voix du commandeur siffla au travers des interférences de l’intercom depuis le centre de communication blindé, installé dans les bureaux de l’ancienne exploitation minière.

— Ils ont détruit nos boucliers ! Nous évacuons dans les bunkers !

— Merci de nous prévenir ! dit Jaina.

Elle frissonna sous le froid mordant et fit signe à Lowbacca de sceller les portes blindées.

— Nous armons les mines, dit le commandeur. Ça va en éliminer déjà un certain nombre dès qu’ils mettront les pieds ici…

— Bonne chance, dit Jaina.

Les vérins hydrauliques commencèrent à grincer et les énormes panneaux d’acier se refermèrent dans un fracas de tonnerre. Elle douta que sa dernière phrase d’encouragement soit parvenue au commandeur sur le point d’évacuer le centre de communication situé juste sous la surface de la petite lune.

Jaina éteignit son communicateur et observa son groupe de pilotes.

— Enfilez vos combinaisons pressurisées et passez vos armures par-dessus vos combinaisons.

A ce moment précis, la gravité artificielle cessa de fonctionner. Ainsi que l’éclairage.

 

Combien faut-il de guerriers Yuuzhan Vong pour s’emparer d’une lune ? se demanda Tsavong Lah. Il disposait de vingt mille hommes sous son commandement, à bord des transports de troupes, mais c’était certainement plus que de raison.

Dix mille hommes, peut-être ? Le reste pourrait toujours demeurer sur la réserve afin de se battre une autre fois.

Il n’avait pas, non plus, besoin de l’intégralité du groupe de combat de Yun-Yuuzhan. Un tiers serait suffisant pour tenir tête assez longtemps aux forces de la Nouvelle République, le temps, en tout cas, d’assurer le succès de son sacrifice.

— Allez, Jeedai ! cria-t-il à l’oggzil. Venez participer à la chasse ! Qu’avez-vous fait de votre courage ?

Il se tourna vers les subalternes qui entouraient le trône de commandement et leur indiqua d’ordonner aux autres groupes de cesser les combats. Il ordonna également à deux des trois divisions de son escadron, ainsi qu’à la moitié des transports de troupes, de quitter les lieux.

— Attention, pas ceux qui transportent les grutchynas ! appela-t-il. Nous en aurons besoin quand nous aurons débarqué sur la lune !

Les grutchynas, capables de digérer la roche, seront une petite surprise, se dit-il. Les Jeedai seront obligés de se mouvoir dans des tunnels existants. Les grutchynas, eux, seraient à même de creuser leurs passages.

Mais avant que les grutchynas ne débarquent, il fallait que les soldats assurent la sécurité de la zone d’atterrissage. Il commanda aux premiers transports de gagner la surface sous la protection des canons des appareils restés en orbite.

— Maître de Guerre ! appela un subalterne. Rapport du groupe de combat de Yun-Harla. Ils se sont dirigés sans encombre vers l’hyperespace mais leur saut a été interrompu. Ils signalent la présence de mines…

 

Des mines…

Les groupes de combat de Yun-Harla et de Yun-Txiin avaient, ensemble, sauté en vitesse-lumière, gagnant la sécurité de l’étroit corridor hyperspatial qui serpentait dans le Noyau Profond. Mais les deux divisions avaient été arrachées à l’hyperespace par la mine interdictor postée dans le passage le plus étroit de la voie. Tous s’étaient alors retrouvés au milieu d’un immense champ de mines méticuleusement disposées sur toute la largeur du corridor de navigation.

A chaque seconde passée dans le champ de mine, des milliers d’engins mortels entraient en fonction, détectant les intrus, mettant le cap sur leurs nouvelles cibles et ouvrant le feu sur les Yuuzhan Vong.

Un grand nombre de vaisseaux Yuuzhan Vong étaient déjà endommagés et incapables de se défendre correctement. Submergés par les mines, la plupart furent détruits dans une tornade d’explosions. Ceux qui disposaient encore de quelques systèmes de défense opérationnels s’en tirèrent un peu mieux, mais très peu d’appareils parvinrent à s’échapper sans essuyer de dégâts.

Le groupe de combat de Yun-Q’aah, qui avait affronté la flotte de Garm Bel Iblis et le petit escadron de l’Alliance des Contrebandiers, sauta dans l’hyperespace et déboucha également au milieu du champ de mines à peu près au même moment. Dans l’ensemble, les vaisseaux de ce groupe n’avaient subi que peu de dommages et la plupart parvinrent à éviter les bombes spatiales.

Les deux tiers du groupe de combat de Yun-Yuuzhan, celui de Tsavong Lah, furent prévenus de l’existence du champ de mines avant même de passer en vitesse-lumière. Ils eurent donc la possibilité de se préparer et parvinrent à en réchapper sans trop de pertes. Malheureusement, les transports de troupes, très légèrement armés, furent en revanche incapables de se défendre efficacement et, au bout de quelques minutes passées dans le champ de mines, dix mille guerriers Yuuzhan Vong avaient trouvé la mort.

Quant au groupe de combat de Yun-Yammka, il se trouvait déjà beaucoup trop près du champ gravifique d’Ebaq pour pouvoir sauter. Il fut éperonné par les forces de la Nouvelle République et totalement éradiqué en quelques instants.

Plus d’un tiers de la flotte Yuuzhan Vong venait d’être détruit. Mais c’était sans compter le reste du groupe de Tsavong Lah rassemblé sur Ebaq Neuf, occupé à défendre son commandeur et ses troupes au sol. Là, les premiers guerriers Yuuzhan Vong qui chargeaient le centre de commande de la Nouvelle République déclenchèrent les mines antipersonnel automatiques. Ils furent réduits en charpie malgré leurs armures de crabe vonduun. Une deuxième vague d’assaut escalada le monceau de cadavres et chargea à son tour, déclenchant une nouvelle volée d’explosions.

— Considérez-vous comme déjà morts ! leur cria Tsavong Lah par l’intermédiaire de son villip. La question est de savoir si vous mourrez honorablement, comme des vrais Yuuzhan Vong, ou bien comme des couards, en disgrâce face aux dieux qui vous ont façonnés !

Aucun guerrier ne connaissait la couardise. Plus de mille hommes perdirent la vie sur le champ de mines. Les autres enjambèrent les corps disloqués et investirent des installations qui avaient été totalement évacuées. Là, ils démolirent tout le matériel qui passait à leur portée, détruisant les dernières cellules énergétiques et les générateurs de boucliers.

— Posez le Sacrifice du Sang à la surface ! commanda Tsavong Lah. Lâchez les grutchynas… Et les voxyns !

L’immense vaisseau amiral atterrit sur la petite lune. Avant de descendre, Tsavong Lah s’empara de l’oggzil à nouveau et cria en Basique :

— Alors, Jeedai, vous venez ? Vous ne voulez pas participer à la chasse ? Où est votre courage ?

A sa grande surprise, la voix qui lui répondit lui était familière.

— Ici Jacen Solo, déclara le villip. Je suis prêt à jouer le jeu, Maître de Guerre…

La réponse de Tsavong Lah se teinta d’une lugubre satisfaction.

— Sois le bienvenu, traître. J’ai hâte de te retrouver.

— Moi de même, Maître de Guerre.

Une note menaçante résonna dans les propos de Tsavong Lah.

— J’avais juré jadis de te sacrifier, Jacen Solo. Peut-être aurons-nous enfin l’occasion de procéder à nouveau à ce sacrifice.

— Et peut-être aurai-je l’occasion de le retarder à nouveau, dit Jacen. Allez-vous me laisser atterrir, Maître de Guerre ?

— Tous les Jeedai peuvent atterrir. J’ai donné des ordres à la Flotte.

— C’est bien aimable de votre part, Maître de Guerre.

— Mais non, mais non… Est-ce que tu crois que tu serais venu sur Ebaq en sachant que la Flotte t’aurait réduit en poussière à la seconde même où tu te serais posé ?

Oui, Jacen serait venu. Mais le Maître de Guerre n’avait pas besoin de le savoir.

— On se voit bientôt, Maître de Guerre… dit Jacen avant de couper la communication.

Son droïde astromécanicien émit un petit trille électronique lui signalant l’arrivée d’un autre appel. Jacen changea de fréquence.

— Jacen ? dit Luke. Qu’est-ce que tu fabriques ?

— Je vais aider ma sœur, répondit Jacen, incapable de masquer le ton de défi qui résonnait dans sa voix.

Le jeune homme perçut la présence de Luke dans le lien Jedi, un effort louable de la part de son oncle d’essayer ainsi de le contacter autant par la pensée que par la parole.

— Tu ne peux pas l’aider en allant te sacrifier ! s’exclama Luke.

— Je n’ai pas l’intention d’aller me sacrifier ! répondit Jacen.

— Jaina et les autres se trouvent dans un bunker au blindage renforcé. Tout ce qu’elle a à faire, c’est d’attendre que la Flotte vienne la chercher. Et nous allons la chercher, nous tous : Kre’fey, Farlander, Bel Iblis, tes parents…

Jacen sentit l’ensemble du lien mental le prier de céder aux propos de Luke, d’entendre la voix de la raison. Il ravala sa colère et essaya de demeurer aussi calme et raisonnable que possible.

— Je ne fais pas confiance à Tsavong Lah. Il n’est pas du genre à faire ce qu’on attend de lui, dit-il. J’ai bien senti ta surprise quand il a décidé de mettre le cap sur Ebaq Neuf.

Luke fut bien incapable de répondre à cela.

— J’ai un plan, continua Jacen. Je ne vais pas aller me jeter directement dans ses bras. Je vais le distraire, pour qu’il laisse Jaina un peu tranquille.

Un éclair de terreur traversa soudain le lien Jedi et la sensation provenait de Jaina.

— Jaina est pourchassée ! s’inquiéta Jacen. Je dois y aller, maintenant…

Il coupa la communication. Luke et les autres tentèrent de le contacter dans le lien psychique, mais Jacen s’en détacha pour se concentrer sur son sens Vong. Il manquait un peu d’entraînement – il n’avait guère eu de Yuuzhan Vong sous la main récemment pour s’exercer –, mais, en ralentissant sa respiration et en plongeant dans un état de méditation, il perçut les ennemis droit devant lui, des éclairs de conscience animés d’une détermination sinistre, prêts à se sacrifier pour leur chef. La bravoure et la détermination des Yuuzhan Vong n’étaient guère surprenantes. Ce qui était surprenant, en revanche, c’était leur quantité. Rien que sur Ebaq, il devait y avoir des milliers de guerriers…

 

Jaina attendait dans le noir. Les Jedi se sentaient parfaitement à l’aise dans la pénombre. La Force les secondait et ils étaient ainsi à même de discerner les murs qui les entouraient. Mais Jaina perçut également une certaine anxiété poindre chez ses camarades non Jedi. Elle demanda donc à son groupe d’allumer les lanternes de secours qu’ils portaient à leur ceinture et sur leur casque.

Dans le lien mental, elle devina une certitude croissante de victoire, qui se transforma vite en grondement de triomphe au fur et à mesure que les escadrons Yuuzhan Vong fuyaient la zone des combats. Elle sentit que Jacen était en train de faire quelque chose de totalement imprévu, mais elle ne parvint pas à deviner de quoi il s’agissait. Elle devina que les autres essayaient de modifier cette nouvelle situation. Quand elle comprit cela, la détresse s’empara d’elle. Mais elle n’avait aucune unité de communication pour contacter Jacen, elle ne pouvait pas lui parler. Elle avait donc décidé d’essayer de l’atteindre par le truchement du lien psychique lorsqu’une présence retint son attention. Ou plutôt une absence de présence.

Grâce à la perception accrue du lien Jedi elle perçut un vide, un abîme. Quelque chose qui était invisible dans la Force. Les Yuuzhan Vong. Et puis elle sentit une décharge dans la Force, une sensation déterminée, aussi malfaisante et implacable que le son d’un blaster qu’on arme contre une tempe. Les voxyns. Les voxyns lancés à sa recherche.

Lowbacca poussa un grognement.

— Rappelle-moi de dire au haut commandement combien je déteste leurs plans… dit Jaina.

Il y avait des centaines de puits de mine dans la vieille exploitation. Une bonne douzaine avaient été renforcés et équipés de portes blindées pour retarder l’avancée de l’ennemi. Certains corridors avaient même été piégés pour obliger les Yuuzhan Vong à se montrer prudents. Le plan de bataille supposait que les probabilités pour que les Yuuzhan Vong trouvent la porte blindée derrière laquelle Jaina était retranchée, et emploient toutes leurs forces pour la traverser, étaient très faibles. Mais le plan de bataille n’avait pas tenu compte de la présence éventuelle des voxyns, capables de flairer les utilisateurs de la Force et de conduire les troupes Yuuzhan Vong directement jusqu’à Jaina, que celle-ci soit, ou non, cachée derrière une porte blindée anonyme.

— Dommage qu’on n’ait pas quelques-uns de ces droïdes CYV, déclara l’un de ses pilotes.

— Ils ne sont pas assez nombreux, répondit Jaina. Ceux que nous avons à notre disposition sont chargés de protéger le gouvernement. (Elle réfléchit quelques instants.) Ecartez-vous bien des portes, déclara-t-elle. Je ne sais pas ce qu’ils vont utiliser pour les faire sauter, mais personne ne doit se trouver à proximité d’une éventuelle explosion.

— Il serait peut-être temps de poser les mines, suggéra Tesar dont la queue, engoncée dans la combinaison pressurisée spécialement adaptée à sa morphologie, fouettait le sol de droite à gauche.

— D’accord, mais pas près de l’entrée. Je ne veux pas que nos mines soient détruites par ce qu’ils pourraient utiliser pour ouvrir la porte.

Et soudain, comme en réponse à ses paroles, ils entendirent une déflagration et en perçurent les vibrations. Le sol trembla et le puits résonna du fracas qui venait de retentir de l’autre côté de la porte blindée.

Les huit pilotes de l’Escadron des Soleils Jumeaux s’enfoncèrent un peu plus profondément dans le tunnel sans prononcer le moindre mot. Dans l’obscurité, ils s’employèrent à poser leurs mines antipersonnel. Quelque part dans les parois, le fracas retentit, puis se répéta, encore et encore.

Jaina sentit, autant dans la Force qu’en concentrant son regard, que certaines sections des murs étaient en train de craquer, que certains pans du plafond s’étaient détachés et venaient de s’écraser au sol.

— Ils n’essaient pas de passer à travers les portes ! lança-t-elle. Ils sont en train de les contourner !

Encore un détail qui n’était pas prévu par le plan.

 

Les Yuuzhan Vong s’engouffrèrent dans le long tunnel qui traversait la lune de part en part. Mille guerriers partirent en première ligne, suivis par les voxyns hurleurs et deux grutchynas massifs, faisant preuve d’une étonnante agilité dans la gravité réduite. Venaient ensuite le gros de la troupe, menée par Tsavong Lah et près de la moitié de l’équipe de communication du Sacrifice du Sang.

Des explosions retentirent et firent frémir l’air raréfié. Deux divisions de l’avant-garde baignaient dans leur sang. Un autre piège tendu par ces couards d’infidèles, incapables de se battre au corps à corps et préférant avoir recours à ces infâmes démonstrations technologiques. Les autres soldats enjambèrent les cadavres de leurs camarades et passèrent les portes de duracier, l’une après l’autre.

Les Yuuzhan Vong continueraient d’avancer tant que les voxyns ne s’arrêteraient pas.

Les monstres, tous leurs dards sensitifs hérissés, s’arrêtèrent enfin devant une porte blindée qu’il était impossible de distinguer des autres. L’une des créatures était sur le point de trépasser et éprouvait toutes les peines du monde à se tramer sur ses pattes, même dans la faible gravité. Les voxyns léchèrent la porte de leurs longues langues fourchues et poussèrent un long gémissement dans le tunnel. Leur cri retentit comme une mélodie aux oreilles de Tsavong Lah.

— Faites reculer les voxyns ! ordonna Tsavong Lah aux dresseurs. Et faites avancer les grutchynas !

Les grutchynas étaient des animaux à la solide carapace noire et lisse. Ils mesuraient six mètres de long et étaient bien plus gros que les grutchins, leurs cousins capables de dévorer le métal, que les Yuuzhan Vong utilisaient comme missiles à bord de leurs appareils de combat. Les grutchynas, eux, ne volaient pas et n’étaient pas aussi décérébrés que leurs congénères. Ils faisaient preuve d’un soupçon d’intelligence et on pouvait aisément les dresser. Tsavong Lah les avait amenés avec lui, sachant qu’il aurait à faire creuser des tunnels afin de débusquer les infidèles de leurs cachettes.

Les énormes bêtes chargèrent vers la porte blindée, déployant leurs mandibules acérées. Tsavong Lah observa le panneau quelque temps, puis se tourna vers les dresseurs.

— Qu’ils passent par les parois du tunnel ! Les murs sont bien plus fragiles que la porte et je crains que celle-ci ne soit piégée !

Le tunnel trembla lorsque les grutchynas se précipitèrent vers la paroi. Tsavong Lah, repensant aux mines, fit prudemment quelques pas en arrière au milieu de ses troupes. Il n’avait pas peur de mourir – il était persuadé, de toute façon, qu’il mourrait le jour même –, mais mourir aussi stupidement, piégé par une mine, serait beaucoup trop banal par rapport à la fin qu’il avait envisagée.

— Le Sacrifice du Sang nous signale que Jacen Solo s’est posé, déclara l’un des subalternes.

— Parfait, dit Tsavong Lah. Est-ce que le Sacrifice du Sang a repéré l’endroit ?

Le subalterne s’entretint avec son villip quelques instants.

— Il n’est pas à l’entrée principale. Apparemment, il est quelque part de l’autre côté de la lune.

Tsavong Lah pinça ses lèvres balafrées en un mince sourire de satisfaction.

— Nous le retrouverons bien assez tôt. (Il se tourna vers les gardiens des voxyns.) Que deux voxyns restent avec l’avant-garde ! ordonna-t-il. Et que les autres partent à la recherche de Jacen Solo !

— A vos ordres, Maître de Guerre !

— Capturez-le vivant, si possible, afin que nous puissions le sacrifier. Si ce n’est pas possible, appelez les dieux à témoin et sacrifiez-le sur place !

Tsavong Lah avait été obligé de hurler pour couvrir le bruit causé par les grutchynas en train de dévorer le mur. Deux des voxyns allèrent rejoindre l’avant-garde en grognant et une troupe constituée de mille guerriers partit dans l’autre direction à petites foulées.

Jacen Solo. A la pensée du jeune homme, le pied de vua’sa du Maître de Guerre se serra et ses griffes labourèrent le sol. Jacen avait contrecarré ses plans à chacune de leurs rencontres. Il l’avait mutilé au pied lors d’un combat au corps à corps, ce qui avait nécessité une greffe de remplacement. Lorsqu’il avait été capturé, le jeune homme l’avait humilié en se jouant de lui et en s’évadant.

Et Jacen se préparait à le contrarier à nouveau. Le Maître de Guerre se demanda alors pourquoi. Pourquoi Jacen Solo s’était-il rendu seul sur Ebaq Neuf afin de se laisser pourchasser par Tsavong Lah et ses dix mille guerriers ?

Et la réponse lui apparut soudain. Sa sœur jumelle ! Jaina Solo – celle qui avait insulté Yun-Harla, déesse de la supercherie, avec ses ruses retorses – devait faire partie des Jedi coincés sur Ebaq Neuf. La joie explosa dans la poitrine de Tsavong Lah. Le sacrifice des jumeaux ! Il avait jadis planifié de sacrifier aux dieux les jumeaux Solo, une ambition contrecarrée par la trahison de Jacen et de Vergere. Mais, cette fois, le sacrifice ne serait pas compromis ! Une fois que ces deux-là seraient morts, Tsavong Lah pourrait enfin rejoindre le territoire de chasse des dieux le sourire aux lèvres.

La paroi du corridor s’effondra et les grutchynas atteignirent le tunnel qui s’ouvrait de l’autre côté.

— En avant, soldats ! cria Tsavong Lah. Nous allons sacrifier les Jeedai ! En avant !

Jaina entendit la paroi du tunnel s’écrouler et le cri de la masse des guerriers Yuuzhan Vong s’engouffrer dans le corridor. Ils devaient être des milliers.

— En route ! dit-elle. Allons nous cacher à la prochaine intersection.

Ils déposèrent des mines antipersonnel derrière eux et les programmèrent pour qu’elles explosent en détectant la chaleur corporelle de quiconque passerait à proximité. De nombreuses galeries de mine partaient en ramifications de cet embranchement particulier. Jaina consulta la carte des gisements qu’elle avait téléchargée sur son databloc et sélectionna la galerie qui leur laisserait le plus de possibilités de sortie. Ils s’enfoncèrent dans le tunnel et tous les Jedi firent appel à la Force pour empêcher les membres du groupe de se heurter mutuellement dans la gravité réduite.

Un cri retentit. Un hurlement composé d’ultrasons qui figea le sang de Jaina et fit se dresser les cheveux collés sur sa nuque.

— Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda l’un des pilotes.

— Un voxyn, répondit Tesar. Ils sont à nos trousses.

— Et on peut les tuer, pas vrai ? s’enquit le pilote anxieux.

Jaina entendit une mine détoner. L’explosion fut suivie d’un gémissement de douleur et d’un cri de rage poussé par cent gorges Yuuzhan Vong.

— J’espère que c’est ce qui vient de se passer, répondit la jeune femme.

 

Jacen dévala dans le corridor, se servant de la Force avec agilité pour se mouvoir dans l’apesanteur de la petite lune, se repérant grâce aux détails des parois mis en valeur par sa torche électrique. Lui aussi disposait d’une carte des exploitations minières enregistrée sur son databloc. Il devina que les Yuuzhan Vong devaient déjà occuper la zone du centre de commandement et le puits principal. Il avait prévu d’apparaître à l’improviste dans le corridor central, d’attaquer les Yuuzhan Vong, puis de battre en retraite. Il ferait de son mieux pour semer la confusion et détourner l’ennemi de Jaina. Il pourrait au moins entraîner les voxyns à sa poursuite et, avec un peu de chance, les coincer dans un tunnel étroit et les éliminer.

Son sens Vong s’étendit à toute la lune. L’incroyable quantité de guerriers était intimidante, mais il espéra que, toujours avec un peu de chance, son plan fonctionnerait.

Malheureusement, son équipement était des plus réduits. Il avait avec lui son sabre laser, le pistolet blaster et les deux grenades qui faisaient partie du nécessaire de survie de son Aile-X. Mais, au besoin, il serait en mesure de se battre au moyen d’armes Yuuzhan Vong. S’il parvenait à tendre une embuscade à un guerrier ennemi, il pourrait toujours s’emparer de son matériel.

C’est à ce moment qu’il perçut le choc mental d’un voxyn en train de flairer sa trace. Avec son sens Vong, il le repoussa, tentant de convaincre le voxyn qu’il s’était trompé, qu’il ne voyait rien. Malheureusement, Jacen n’était pas aussi expert dans le sens Vong que dans la Force. Quelque chose dans l’onde psychique cliqueta, signalant que le voxyn l’avait repéré. Il entendit un gémissement au bout du puits, bientôt suivi par les rugissements de joie et de colère de centaines de soldats Yuuzhan Vong. Il comprit qu’on était en train de le chasser.

Il fit demi-tour. Impossible de surprendre les Yuuzhan Vong. Il était temps de dénicher l’un de ces corridors étroits auxquels il venait de penser. Jacen repéra une bifurcation vers la droite dans le tunnel. Il décida de s’y embusquer tout en conservant une possibilité de battre en retraite. Il se posta dans l’angle du corridor et alluma son sabre laser, puis il arma l’une de ses deux grenades et la serra fermement dans sa main gauche. Il envisagea objectivement d’utiliser son sens Vong au combat – il pourrait par exemple influencer certaines armes ennemies et les rendre inutilisables –, mais décida de ne pas le faire. Beaucoup trop d’ennemis étaient à ses trousses. Il pourrait peut-être convaincre certains bâtons Amphi de se retourner contre leurs propriétaires, de les mordre ou bien de se ramollir complètement. Il pourrait peut-être convaincre quelques scarabées paralysants d’aller se ficher dans les murs prématurément. Mais il ne pourrait pas tout influencer.

La Force était mieux adaptée à ce genre de situation. Il laissa son sens Vong s’apaiser et invoqua la Force. Il entendit alors les ennemis se précipiter dans sa direction. Il entendit leurs cris et le martèlement de leurs bottes. Une véritable horde s’engouffra dans le corridor, flottant presque à sa rencontre dans l’absence de pesanteur.

Le crissement à ultrasons d’un voxyn saisit Jacen par surprise et manqua de l’engourdir. Le jeune homme avait oublié combien ce son pouvait être terrifiant et paralysant. Echappant à l’état de choc, il s’ébroua et jeta sa grenade au-delà de l’angle du tunnel, exposant suffisamment sa tête pour employer la Force et guider l’explosif jusqu’à la gueule ouverte du voxyn. Le monstre, en retour, vomit un jet de bave toxique vers Jacen. Le jeune homme invoqua la Force pour intercepter la substance, puis il la dévia en direction des guerriers ennemis.

Ce qui le stupéfia le plus fut l’incroyable quantité de ces guerriers. Les sentir venir était une chose, les observer ainsi, d’aussi près, en était une autre. La colonne de soldats disparaissait à perte de vue dans le tunnel. Ils devaient être des centaines…

Jacen se recroquevilla prestement dans l’angle du tunnel, lorsque la grenade explosa et emporta une partie de la tête du voxyn. Jacen savait pertinemment que cela ne suffirait probablement pas à tuer la créature. Il dégaina son pistolet blaster de sa main gauche et commença à tirer depuis sa cachette sur le voxyn et les guerriers qui se trouvaient derrière lui. L’animal, aveuglé, rendu furieux par la douleur, fit preuve d’une énergie incroyable et se précipita dans le couloir à une vitesse ahurissante. Sa queue empoisonnée élimina accidentellement quelques guerriers. Jacen, pour tirer, n’exposa que partiellement son visage et sa main. Les Yuuzhan Vong poussèrent un cri de guerre et se mirent à courir dans sa direction. Ils enjambèrent le voxyn blessé, certains le poussèrent même pour qu’il continue d’avancer, d’autres s’empalèrent sur les dards dorsaux empoisonnés de la créature. Les guerriers de la première ligne commencèrent à décocher des volées de scarabées paralysants.

Jacen se recula derrière l’angle du tunnel, parant sauvagement avec son sabre laser, déviant les insectes qui fonçaient vers lui. Certains rebondirent contre la paroi et revinrent à la charge. L’un d’entre eux blessa Jacen à la cuisse. Le jeune homme se mit à tournoyer sur lui-même, faisant appel à la Force pour maintenir un mouvement aussi fluide et régulier que possible. La lame de son sabre laser ne fut plus qu’une tornade verte et floue, repoussant un à un les petits missiles vivants. Il exécuta un dernier tour et, d’une poussée de la Force, se jeta en arrière dans le tunnel, parant avec son sabre laser, tirant avec son blaster afin d’empêcher les Yuuzhan Vong de passer l’intersection.

Il ne parvint pas à les décourager. La première demi-douzaine s’effondra le long du corps du voxyn blessé, mais les autres continuèrent d’avancer, en file, poussant leur cri de guerre :

— Do-ro’ik vong pratte !

Derrière lui, Jacen entendit le gémissement d’un autre voxyn. Il décocha rayon après rayon avec son blaster, mais devina que cela ne servait plus à grand-chose. Dans la Force, il décela l’angoisse de Jaina.

 

— Faites tomber le plafond ! ordonna Jaina. Ici, à cet endroit !

— Comment ? demanda l’un des pilotes. Nous n’avons que des mines, pas des explosifs !

Jaina projeta les ondes de la Force et rechercha les fissures et les défauts de la structure rocheuse qui s’étendait au-dessus de leurs têtes. Tesar et Lowbacca joignirent leurs pouvoirs au sien.

— Reculez, dit la jeune femme.

Un pan de roche d’une demi-tonne se décrocha dans un fracas de tonnerre, entraînant dans sa chute poussière et gravats. Jaina agrandit le trou dans le plafond, poussant sur les rochers pour accélérer leur chute.

Soudain, un cri strident retentit et elle en eut le souffle coupé. Un voxyn s’était approché d’eux, il était parvenu à se glisser entre les éboulements et les cascades de pierres et s’apprêtait à bondir au milieu de la petite troupe. La jeune femme avait oublié combien ces monstres pouvaient être vifs.

Elle eut tout juste le temps de dresser un bouclier de Force devant elle pour se protéger du jet de bave toxique. Elle fit un bond pour éviter un coup de queue, dégaina son sabre laser et en activa la lame violette. Un choc sourd, suivi d’un cri, résonna derrière elle. Les blasters étincelèrent dans les ténèbres. Dans l’espace confiné, les déflagrations des armes lui vrillèrent les tympans. Lowbacca abattit son sabre sur la tête du voxyn. La brillance de la lame se refléta dans les yeux miroitants de la créature.

Le tunnel était chargé de la puanteur des déjections acides du voxyn. La queue de la bête fouetta à nouveau et Jaina fit un autre bond. Elle retomba en frappant l’appendice empoisonné. La queue fut tranchée à sa base et une giclée de sang corrosif éclaboussa la combinaison pressurisée de la jeune femme.

Les trois Jedi se retrouvèrent alors à combattre côte à côte. Les sabres laser tourbillonnèrent frénétiquement contre un déchaînement de griffes, de dents et de jets de poison. Lorsque l’occasion se présentait, l’un des pilotes du reste du groupe décochait un rayon de blaster sur la créature. Le sang et l’acide volaient alors contre les parois du tunnel.

Le voxyn ne cessa pas de lutter avant qu’on l’ait totalement découpé en pièces. Le combat avait épuisé Jaina. Elle eut du mal à recouvrer son souffle et s’adossa au mur du corridor. A peine était-elle parvenue à reprendre sa respiration qu’elle entendit le cri des guerriers Yuuzhan Vong. Elle releva la tête et s’aperçut qu’ils étaient en train d’investir le tunnel par-delà la barricade de rochers effondrés.

Une volée de scarabées paralysants fit irruption au-dessus des éboulis. Quelques secondes plus tard, une meute de soldats entreprit d’escalader la barricade. Jaina dégaina son blaster de sa main gauche et tira dans toutes les directions, parant simultanément avec son sabre laser pour dévier les insectes volants qui fondaient sur elle.

— Le plafond ! hurla-t-elle. Faites écrouler le plafond !

Tesar, Lowbacca et elle unirent à nouveau leurs talents dans la Force et s’attaquèrent aux roches de la voûte. De petits gravats commencèrent à pleuvoir, bientôt suivis de pans de rocher plus importants. Les rayons des blasters ricochèrent entre les pierres et rebondirent en tous sens. Jaina dut en dévier un d’un coup de sa lame violette. Soudain, dans un fracas épouvantable, la voûte tout entière s’écroula. Un nuage de poussière dense roula dans le puits de mine vers Jaina. Elle parvint tout de même à apercevoir une bonne demi-douzaine d’adversaires qui venaient d’être ensevelis.

— Ça ne les retardera pas très longtemps, dit l’un des pilotes. Ces rochers ne doivent plus peser très lourd en gravité réduite. Regardez comment ils ont réussi à franchir les portes blindées !

Peut-être que cela les retardera suffisamment, le temps que j’aie une autre idée, songea Jaina.

— En arrière ! cria-t-elle.

Elle essuya la poussière et le sueur de son visage d’un revers de la main et fut assez surprise de constater qu’elle n’était pas si en nage que cela.

C’est à ce moment précis qu’elle se rendit compte que son groupe avait souffert de l’assaut du voxyn. Son estomac se serra lorsqu’elle vit Jumeau Quatre étendu au pied du mur, là où le voxyn l’avait catapulté d’un coup de queue, perforant dans le mouvement la combinaison pressurisée de sa victime avec ses dards empoisonnés. Jumeau Sept avait été touché à la poitrine par un scarabée paralysant. Il était assis le long de la paroi, à moitié conscient, prétextant que ce n’était rien, qu’il avait juste le souffle coupé. Mais Jaina n’aima guère la façon dont son visage se tordit de douleur lorsque les autres l’aidèrent à se relever.

Deux membres de l’escadron emportèrent le corps de Jumeau Quatre et deux autres soutinrent Jumeau Sept par les épaules. Les Jedi fermèrent la marche, formant une ligne de défense jusqu’à ce que le groupe ait atteint une intersection à trois embranchements. Les pilotes qui marchaient en tête s’arrêtèrent et l’un d’entre eux demanda par-dessus son épaule :

— Par où, Major ?

Jaina sortit son databloc de la poche de sa manche et l’étudia. La carte défila sous ses yeux. Elle était trop fatiguée pour penser de façon cohérente, comprit-elle. Elle obligea son esprit à travailler sur le problème.

— Prenez par la gauche, dit-elle. Lowie, Tesar et moi, on continue tout droit.

— Une petite minute ! lança Jumeau Dix, indigné, tout en soutenant Jumeau Sept par les épaules. Vous voulez nous séparer ?

— Les Yuuzhan Vong sont à la recherche de Jedi, répondit Jaina. Vous serez plus en sécurité si vous faites un détour. Et nous, nous serons plus en sécurité si nous ne sommes pas obligés de chercher à vous protéger.

Et comme ça, vous ne mourrez pas avec nous, ajouta Jaina mentalement.

— On peut se battre, Major ! insista Jumeau Dix. On peut vous aider !

— J’apprécie ton dévouement, mais…

— On n’a pas fait tout ce chemin pour abandonner et vous laisser combattre les Yuuzhan Vong toute seule ! Vous nous avez entraînés comme une équipe, on doit rester ensemble !

Jaina lutta contre les larmes qu’elle sentait poindre au coin de ses yeux. C’était l’exemple type de cet esprit d’abnégation qu’elle avait contribué à créer, au prix d’exercices répétés, d’un travail intensif. Au prix du sang. Mais ce que cette admirable résolution pouvait entraîner, c’était que tous les membres du groupe se fassent tuer inutilement.

Elle se raidit, inspira profondément et regarda Jumeau Dix droit dans les yeux.

— Dois-je transformer ma suggestion en ordre, Lieutenant ? demanda-t-elle.

La colère et la frustration se dessinèrent sur le visage de Jumeau Dix.

— Non, ce n’est pas nécessaire, Major, dit-il en secouant la tête.

— Alors, en route. On se reverra quand tout sera terminé.

Jaina observa un long moment ses pilotes éreintés disparaître en tramant les pieds dans l’obscurité. Puis, à contrecœur, elle s’engouffra dans le tunnel qu’elle s’était choisi, l’esprit bien las.

— Puise de l’énergie dans la Force, dit Tesar.

Il s’agissait plus d’un ordre que d’une suggestion. Jaina était bien trop fatiguée pour exprimer verbalement son acquiescement. Elle se contenta d’étendre sa perception pour laisser la Force affluer en elle. Il y avait cependant une limite à sa résistance et elle ignorait encore combien de temps elle réussirait à tenir. La Force ne pouvait pas se substituer à la nourriture ou au repos, mais, lorsqu’elle inonda le corps de Jaina, déchargeant de l’énergie dans chaque cellule, la jeune femme eut soudain l’impression de se redresser. Son pas fut plus assuré, sa respiration moins laborieuse. Elle consulta la carte sur son databloc et prit une décision.

— On va tourner là.

Tesar et Lowie étudièrent le pan de mur totalement nu du tunnel avec un regard perplexe. Lowie gronda une question. En guise de réponse, Jaina tendit un index vers le plafond. Il y avait une bouche de ventilation qui s’ouvrait dans la voûte, reliant le tunnel à une autre galerie parcourant le niveau supérieur. Les deux autres invoquèrent la Force pour soulever Jaina dans la ventilation, puis, se servant de ses bras et de ses jambes contre les parois rugueuses du puits, elle escalada en cheminée sur six ou sept mètres et déboucha dans l’autre galerie. Elle se tourna pour aider les autres à la rejoindre. La manœuvre fut facilitée par l’absence de pesanteur. En gravité réduite, même Lowbacca ne devait guère peser plus d’une quinzaine de kilos.

Tesar activa la torche électrique de sa ceinture utilitaire et inspecta le tunnel dans les deux directions. Du givre s’était formé sur les rudes parois rocheuses.

— Et maintenant ? demanda-t-il.

— On attend ici. On peut tenir ce puits pendant une éternité. Enfin, le temps pour eux de trouver un autre moyen de rejoindre cette galerie. Et dès qu’ils arrivent… Eh bien, on s’enfuit dans la direction opposée.

Tesar sembla trouver le plan acceptable et il éteignit sa lampe. Les trois Chevaliers demeurèrent immobiles dans le tunnel glacial à attendre, sachant qu’ils n’attendraient probablement pas très longtemps.

Jaina ferma les yeux et s’ouvrit au lien mental des Jedi. Oncle Luke, transmit-elle, où es-tu ?

 

Luke était en train de se demander comment reprendre la lune des mains des Yuuzhan Vong, considérant que la Flotte de la Nouvelle république ne disposait d’aucune infanterie sous la main. Ils n’avaient pas prévu que les combats se dérouleraient au sol. Les seules forces disponibles étaient les agents de la police militaire, très légèrement armés, en poste sur les vaisseaux capitaux. Et puis les Jedi. Des Jedi que le Maître de Guerre Tsavong Lah attendait sur la petite lune. Des Jedi qu’il avait lui-même invités.

Les forces de la Nouvelle République étaient sur le point d’affronter le petit escadron que les Yuuzhan Vong avaient laissé en orbite afin d’assurer la défense des troupes au sol. Les Yuuzhan Vong se battraient courageusement, mais ne tiendraient probablement pas très longtemps face à la puissance et à la quantité des appareils républicains.

Luke essaya de se souvenir de la dernière fois où il avait eu l’impression que les chances étaient de leur côté. C’est alors qu’il reçut l’appel de Jaina. La réponse qu’il lui adressa fut muette, simplement constituée de sensations élémentaires, d’images, d’impressions mentales qui se traduisirent par : où es-tu, toi ?

Jaina lui répondit également par la pensée, envoyant à son tour images et impressions. Tunnel. Voxyn. Soldats.

Combien de soldats ? demanda Luke, dessinant dans sa tête des images de guerriers ainsi qu’une série de chiffres.

Beaucoup trop. Arrivent. L’impression mentale représentait des guerriers Yuuzhan Vong au coude à coude dans les étroits puits de mine.

Luke formula sa question suivante à voix haute. Est-ce que tu peux rejoindre la surface depuis l’endroit où tu te trouves ?

Négatif.

Il serra les dents. Son message suivant était plus complexe et il lui fallut quelques instants pour organiser ses pensées.

Serait-il possible de faire descendre un chasseur stellaire par le puits principal d’Ebaq ?

Dans la réponse de Jaina, Luke décela un amusement un peu las devant l’idée d’envoyer une Aile-X dans le puits de mine pour débusquer les Yuuzhan Vong de leur cachette et les désintégrer par meutes entières. Mais la réponse était accompagnée d’une image du puits. Apparemment, il était assez large. Mais Jaina y ajouta une autre représentation, celle de l’embouchure et de tout le matériel d’extraction entreposé là, obstacle qu’il faudrait d’abord dégager.

Pourtant, c’était le meilleur plan auquel Luke puisse penser. On vient te chercher, transmit-il. Attends-nous.

A nouveau, Luke perçut une lueur d’amusement chez sa nièce. Un amusement teinté d’une pointe d’amertume, un peu comme si Jaina venait de répondre : Comme si j’avais le choix !

Dans le lien psychique, Luke invita les autres Jedi à se préparer à l’atterrissage sur Ebaq Neuf et à se battre contre un adversaire très largement supérieur en nombre.

 

Le premier voxyn que Tsavong Lah envoya dans la bouche d’aération retomba lourdement, taillé en pièces. Le corps de la bête fut prestement suivi par une grenade. Une douzaine de braves guerriers, qui escaladaient le conduit de ventilation, furent tués par des tirs de blaster avant même d’avoir parcouru quelques mètres. Une autre grenade dégringola et douze autres soldats périrent. Mais cela ne retarderait les choses que très peu.

— Faites avancer les grutchynas ! ordonna le Maître de Guerre.

Il n’avait plus l’intention d’envoyer ses valeureux guerriers dans le puits. Au lieu de cela, il creuserait la roche, directement sous les pieds des infidèles.

— Le Sacrifice du Sang nous annonce que le combat contre l’ennemi vient de commencer, rapporta l’un des subalternes. Ils vont retarder l’avancée des infidèles aussi longtemps que possible.

— Dites aux unités de la Flotte que les dieux saluent leur courage. (Il s’adressa à un autre subalterne.) Quelles nouvelles de Jacen Solo ?

— Aucun changement, Maître de Guerre. Il continue de s’enfuir. Nos troupes ne le perdent pas de vue, il…

— Maître de Guerre ! l’interrompit le subalterne chargé de l’oggzil. Une communication pour vous !

Tsavong Lah prit l’oggzil des mains de son sous-officier.

— Qui peut bien vouloir me parler à un moment pareil ? demanda-t-il.

— Vous ne devinez pas, Maître de Guerre ?

Au son de la voix, le cœur de Tsavong Lah bouillonna de rage.

— Vergere ! tonna-t-il, stupéfait, avant d’adopter un ton un peu plus moqueur. Alors ? Tu m’appelles pour m’implorer d’épargner la vie des jumeaux Solo ?

— Non, je viens participer à votre chasse aux Jedi, si vous le voulez bien.

Le Maître de Guerre éclata de rire.

— Tu es une misérable traîtresse, tu es très intelligente, mais tu n’es pas un Jeedai.

— Au contraire, je suis un Jedi. Un vrai Jedi, pas l’une de ces imitations que vous avez eu l’occasion d’affronter. Vous ne vous en étiez pas rendu compte ? (Un certain plaisir suinta dans les propos de Vergere.) J’ai vécu à vos côtés pendant cinquante ans sans être détectée. Et puis je vous ai trahis. Je suis surprise que le Seigneur Suprême vous ait laissé la vie sauve dans la mesure où je vous ai tant ridiculisé.

La fureur sembla saisir Tsavong Lah à la gorge.

— Viens sur Ebaq Neuf ! cria-t-il. Viens au sacrifice des jumeaux Solo !

— Si vous me laissez me poser.

— Je vais ordonner à mes vaisseaux de te laisser passer. (Il jeta l’oggzil à la figure du subalterne.) Occupe-toi de cela !

— Immédiatement, Maître de Guerre.

Les guerriers rassemblés en masse s’écartèrent pour laisser le passage aux grutchynas qui venaient d’arriver en flottant en apesanteur.

— Ah, très bien, dit Tsavong Lah aux dresseurs. (Il pointa un doigt vers la voûte.) Commencez là ! (Puis il se tourna vers le groupe de Yuuzhan Vong le plus proche.) En avant, soldats ! Remontez dans le conduit ! ordonna-t-il. Maintenez ces Jeedai occupés pendant que nous creusons.

 

Les trois Jedi attendaient dans l’obscurité, illuminés seulement par les lames de leurs sabres laser. Jaina commençait à se dire que les Yuuzhan Vong étaient restés inactifs pendant beaucoup trop longtemps lorsqu’un impact retentit dans le sol. En contrebas, elle entendit un pan de rocher s’effondrer.

— Les Yuuzhan Vong ! dit Tesar.

Il se pencha par la bouche d’aération et décocha une série de rayons sur les guerriers qui étaient en train d’escalader le puits précipitamment. Des scarabées tranchants jaillirent par l’ouverture pour tenter vainement de couvrir l’attaque. Jaina et Lowbacca les découpèrent avec leurs sabres sans grand effort.

Le sol trembla sous un autre coup terrible. Jaina entendit la roche se craqueler.

Balance une grenade, pensa-t-elle, et file ! Mais de combien de temps disposait-elle avant qu’ils ne la rattrapent ? Et là, elle se défendrait jusqu’à ne plus être capable de se battre.

 

Jacen avait finalement décidé d’organiser sa résistance. Les puits de mine ne cessaient de se ramifier et de se rétrécir. Lorsque la voûte ne fut plus qu’à deux mètres au-dessus de sa tête, il comprit qu’il n’avait plus le choix. Dans les tunnels les plus étroits, il ne pourrait se déplacer qu’en rampant et là, les voxyns auraient certainement l’avantage.

Il se renfonça dans l’encoignure d’un tunnel pour préparer son sabre laser et son blaster. Il avait conservé sa dernière grenade pour le prochain voxyn.

Les guerriers ennemis se précipitèrent dans le corridor et Jacen ouvrit le feu sur eux. Des scarabées paralysants et des poignées de gelée blorash fusèrent vers lui. Il se baissa pour éviter certains projectiles et en trancha d’autres. Jacen était étrangement calme. Ce n’était pas la première fois qu’il commettait une erreur. Pour lui, la mort n’avait rien d’une nouveauté.

Mais la pensée de Jaina le remplit de tristesse. Il avait été incapable de l’aider et, par le truchement de la Force et de leur gémellité, il perçut le désespoir de sa sœur.

Les Yuuzhan Vong chargèrent en masse, par douzaines, cavalant, lançant des scarabées paralysants, projetant du poison de l’extrémité de leurs bâtons Amphi. Les munitions du blaster de Jacen étaient en train de s’épuiser. Son sabre laser n’était plus qu’un éclatant cyclone vert et flou. Le jeune homme para, frappa, trancha et, pas à pas, recula doucement dans le couloir exigu.

Jacen sentit alors la rage monter en lui, une fureur rouge qui se dressait en réponse à son désespoir. Le blaster bourdonna, signalant qu’il était vide. Il le lança à la tête d’un guerrier. C’est alors qu’il se rappela le pouvoir qu’il pouvait invoquer, cette puissance alimentée par le désespoir et cette colère qu’il était en train de ressentir et avait déjà eu l’occasion d’éprouver. Un étincelant feu couleur d’émeraude jaillit de l’extrémité de ses doigts et il projeta des éclairs sur le guerrier le plus proche.

Les décharges de Force propulsèrent les premières lignes de Yuuzhan Vong en arrière, contre leurs camarades. Dans la confusion, Jacen projeta une nouvelle série d’éclairs. Il ne les avait pas tués – la version meurtrière de ce feu était un instrument du Côté Obscur –, mais ils demeureraient assommés pendant un bon bout de temps.

— Jeune Jedi ?

Jacen regarda tout autour de lui et ne fut guère surpris de découvrir que Vergere se tenait à quelques pas de là.

— Salut, dit-il, projetant un autre rayon foudroyant sur les Yuuzhan Vong.

Vergere releva la tête vers lui. Ses yeux en amande, exprimant la sagesse, étincelèrent.

— Tu vas bientôt manquer d’air… dit-elle.

 

— C’est Vergere ! cria le subalterne, s’époumonant pour couvrir le son des grutchynas en train de dévorer les rochers.

— Eh bien quoi, Vergere ? tonna Tsavong Lah à son subalterne sur un ton impatient. Elle ne vient pas ?

— Si, elle vient ! Mais elle ne ralentit pas !

 

Le chasseur Aile-A que Vergere avait volé dans la baie d’accostage du Ralroost éperonna l’entrée du puits principal d’Ebaq Neuf à la vitesse de trente-cinq mille kilomètres à l’heure. Les armes du chasseur stellaire avaient été démontées pour être utilisées sur d’autres appareils mais, dans ce cas précis, elles n’étaient plus nécessaires. L’impact désintégra les massives poutrelles de l’entrée du puits, ainsi que toutes les machines qui étaient entreposées alentour. La centrale énergétique de l’engin, ainsi que ses deux puissants propulseurs Novaldex transformèrent l'Aile-A en une terrifiante boule de feu au plasma. Celle-ci parcourut toute la longueur du puits principal d’Ebaq Neuf et resurgit de l’autre côté de la lune en une cataclysmique éruption qui aveugla toutes les caméras holographiques braquées dans cette direction.

La tornade d’ions chauffés à blanc se propagea à travers toute la lune, s’engouffrant dans les conduits primaires, qui partaient en ramifications du puits principal, et atteignant, avec beaucoup moins de violence, certains des conduits secondaires. Fort heureusement, Jaina et Jacen s’étaient enfoncés suffisamment profondément dans les entrailles du planétoïde pour ne pas être réellement affectés.

Ce qui se produisit dans leurs galeries respectives fut une dépressurisation massive, qui leur vrilla les tympans, suivie d’une vague de chaleur excessive, d’un terrible nuage de poussière et de vents très violents. Cela ne dura que quelques secondes, après lesquelles l’air des galeries avait tout bonnement disparu. L’énorme boule de plasma infernale avait, en raison de sa vitesse, créé devant elle une énorme pression, mais elle avait également créé, dans son sillage, une dépression de la même importance qui avait totalement aspiré l’oxygène des galeries. De plus, la chaleur excessive avait allumé des incendies dans toute la lune. Même le métal pouvait brûler, pour peu que la chaleur soit suffisante et qu’il y ait assez d’oxygène pour que le feu ne s’éteigne pas. Les incendies déclenchés par la tornade ionique de l’Aile-A détruite furent assez chauds et intenses pour consumer le moindre atome d’oxygène des tunnels en l’espace de quelques secondes.

Les Yuuzhan Vong s’étaient préparés à la décompression. Il s’agissait d’une stratégie de défense assez courante, après tout. Tous transportaient des masques Ooglith qui leur permettraient de survivre sans air. Mais ils ne s’étaient pas attendus à ce que cela se produise si vite. Même si les ingénieurs de la Nouvelle République avaient effectivement fait sauter l’embouchure du puits, l’exposant ainsi au vide de l’espace, il aurait fallu plusieurs minutes pour que le grand volume d’air soit totalement évacué des galeries. Les guerriers auraient eu le temps, dès la première alerte de décompression, de passer leurs protections Ooglith.

Ceux qui survécurent à l’immense vague de chaleur et de radiation firent immédiatement l’expérience de la brutale surpression de l’impact. Celui-ci fut immédiatement suivi d’un ouragan aveuglant de poussière, déclenché par la décompression de l’air aspiré par la boule de plasma, qui s’en alla alimenter les incendies du cœur de la petite lune.

L’oxygène avait totalement disparu moins de trois secondes après l’impact. Les quelques Yuuzhan Vong qui comprirent ce qui venait de se passer se retrouvèrent coincés au beau milieu de la meute de leurs cohortes, complètement déboussolés et incapables de communiquer entre eux en raison du manque d’air. Beaucoup tombèrent en syncope et moururent rapidement. Ceux qui tentèrent de retenir leur respiration périrent d’embolie lorsque leurs poumons se dilatèrent et explosèrent. Afin de survivre, chaque guerrier devait dégrafer sa protection Ooglith de son support pour se la passer sur le visage. Mais il fallait le faire au milieu de la panique, des corps en train de tomber et surtout en se défendant contre les camarades qui souhaitaient s’emparer de l’Ooglith pour le garder pour eux.

Les trois derniers voxyns et les grutchynas, eux, n’avaient pas d’Ooglith à leur disposition. Ils paniquèrent dans l’absence d’oxygène et furent pris de convulsions. De nombreux Yuuzhan Vong, y compris les dresseurs, furent écrasés, empalés, empoisonnés, déchiquetés ou mordus par les créatures moribondes.

En vingt secondes, tous les Yuuzhan Vong s’étaient évanouis. En quelques minutes, ils étaient morts. Si on la comparait aux façons de mourir sur un champ de bataille, cette fin semblait un peu plus clémente.

 

La première vague de chaleur et de pression fit perdre l’équilibre à Jaina dans le corridor. Elle tituba, abasourdie par le double choc qui venait de lui vriller les tympans.

— Dépressurisation ! cria-t-elle au bord de l’évanouissement.

D’un geste rapide, elle referma la visière de son casque intégral. L’air ambiant tout autour d’elle se mit à siffler et la tornade hurlante manqua de la faire tomber dans la bouche d’aération. Mais, en l’espace de trois secondes, tout se calma.

Au moment où elle finit de sceller son casque, l’air avait totalement disparu.

Il était temps, songea-t-elle. A son avis, les ingénieurs auraient dû faire sauter l’entrée du puits beaucoup plus tôt.

Tesar se trouvait à côté de la ventilation. Grâce à sa puissante queue, il avait pu s’arc-bouter contre le mur afin de ne pas être aspiré dans le trou lors de la tornade. Jaina, par gestes, lui demanda de jeter un coup d’œil dans le puits pour voir où en étaient leurs ennemis.

Tesar se pencha puis recula, faisant signe à Jaina de rester où elle était. Jaina comprit. Il était en train de se produire quelque chose dans la galerie inférieure qu’il valait mieux qu’elle ne voie pas.

 

Jacen observa les Yuuzhan Vong mourir. Il n’avait pas de casque, mais, grâce à l’avertissement de Vergere, il avait été en mesure de préserver l’air tout autour de lui au moyen de la Force, scellant le tunnel dans son environnement immédiat.

Les Yuuzhan Vong s’écroulèrent gracieusement et silencieusement, l’un après l’autre, tombant en douceur dans la gravité réduite comme les pétales d’une fleur aussi menaçante qu’absurde.

— J’aimerais pouvoir les aider, dit Jacen.

— Il n’y a rien de plus inutile qu’un impossible souhait, dit Vergere très sévèrement.

Il se tourna vers elle.

— C’est toi qui as fait ça, hein ?

Les favoris de Vergere se tordirent de dégoût.

— Il était nécessaire de te libérer de certains choix.

— Mes options n’étaient pas très bonnes, en fait, pas vrai ? soupira Jacen.

— Tu as choisi avec ton cœur. Et tu es parvenu à tes fins, n’est-ce pas ? Ta sœur est en vie. (Elle l’observa de façon solennelle.) Moi aussi, je suis parvenue à mes fins. Maintenant, tu es libre de choisir ta destinée.

La vérité frappa Jacen de plein fouet. Choqué, il dévisagea Vergere.

— Je crois que je viens juste de comprendre, dit-il. Tu es morte, c’est ça ?

 

Le Sacrifice du Sang explosa exactement au moment où la boule de plasma jaillit au beau milieu d’un geyser de feu sur l’autre face d’Ebaq Neuf. Luke fut abasourdi par la double explosion. Il inspecta le lien mental, à la recherche des Jedi probablement toujours coincés dans les tunnels de l’exploitation minière. Il leur faudrait certainement du temps avant que leur présence puisse se matérialiser à nouveau dans la Force. Ils avaient assurément autre chose à faire.

Que s’est-il passé ? demanda-t-il.

Une dépressurisation. Il reçut l’image de la tornade dévastant les corridors, puis une autre, représentant les champs de cadavres ennemis.

Jaina ? Tesar ? s’enquit-il en envoyant les images appropriées. Luke reçut d’autres images en guise de réponse. Jaina et Tesar, en pleine forme, se promenant sous le ciel bleu d’une planète verdoyante.

Et Jacen ?

La présence de Jaina dans la Force fut soudain perturbée.

Jacen ? Jacen est ici ?

Oui. Quelque part dans le lien, la présence de Jacen se mit à luire. Avec Vergere. C’est elle qui nous a sauvés.

Vergere… songea Luke. Sa réaction fut suffisamment forte pour envoyer toutes sortes de sentiments complexes dans le lien psychique. Il sentit les autres se raidir. Luke s’empressa d’apaiser ses émotions. Il y avait certains secrets qu’il ne souhaitait pas encore révéler à tous les Jedi.

Est-ce que Vergere était avec les Yuuzhan Vong ? La question était assez difficile à formuler et il lui fallut un peu de temps pour trouver les images adéquates. Si la réponse à cette question était « oui », alors cela signifierait que les Yuuzhan Vong étaient au courant de l’arme Alpha Rouge et que cette victoire ne servirait probablement à rien.

Non. La personnalité subtile de Vergere apparut dans le lien mental. Luke se dit qu’elle devait émettre depuis une cachette. Elle parla en revanche avec une extraordinaire clarté. Je me suis cachée au sein des forces de la Nouvelle République. J’ai volé un chasseur et j’ai plongé vers la lune pour détruire nos ennemis.

Luke médita à toutes les implications de ce qu’elle venait de lui révéler.

Vous avez donc donné votre vie pour sauver celle des autres ?

La réponse de Vergere fut celle qu’elle avait déjà donnée à Jacen.

C’était nécessaire.

Luke hésita. La bataille faisait toujours rage et des gens étaient toujours en train de mourir.

Tenez bon, essaya-t-il de transmettre. On va vous tirer de là dès que possible. Puis, à tous les Jedi, il envoya un message suggérant de ne parler de Vergere à personne. J’ai de bonnes raisons…

Il reporta son attention sur les combats. Les Yuuzhan Vong s’étaient battus avec leur impressionnant courage habituel, mais ce courage ne leur avait pas servi à grand-chose, il les avait piégés, comme Ackbar l’avait prévu. Leurs formations étaient dispersées, leurs vaisseaux en proie aux flammes et leurs équipages en train de périr. Les forces de la Nouvelle République les achevaient.

Luke se tourna vers Garm Bel Iblis, il observa l’homme de profil, avec ses traits taillés au couteau, qui étudiait avec attention le moniteur général des combats.

— Est-ce qu’on ne pourrait pas leur proposer de se rendre ? demanda Luke.

Bel Iblis se tourna vers lui, stupéfait.

— Et pourquoi donc ? Ils vont continuer à se battre. C’est ce qu’ils font toujours !

— Parce que je me sentirais mieux si je savais qu’on le leur a proposé. Que nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour préserver des vies.

Bel Iblis réfléchit quelques instants à la question, tirailla sur sa longue moustache blanche et hocha la tête.

— Très bien, dit-il.

La proposition de reddition fut faite à l’ennemi à maintes reprises. Mais les Yuuzhan Vong ne répondirent pas et moururent.

 

Jacen avait préféré rester debout au milieu du tunnel, pour ne pas gaspiller de chaleur en allant s’asseoir ou s’adosser sur la roche glacée. Il pratiquait le tapas, l’art de conserver sa chaleur en environnement frigorifié. Mais il éprouvait de la difficulté à se livrer à cet exercice tout en maintenant le bouclier de Force suffisamment hermétique. Il commença à frissonner.

— Je suis responsable de ta mort, dit-il.

Vergere releva le menton.

— Mourir, c’était ma décision, jeune Jedi. Pas la tienne.

— Mais, continua Jacen en poussant le raisonnement, j’ai tout de même créé la situation qui t’a poussée à prendre cette décision, non ?

— Dans ce cas, tu peux te réjouir du fait que ta sœur soit toujours vivante, dit Vergere en secouant la tête. Nous ne pouvions pas continuer à vivre tous les deux. La situation ne le permettait pas. L’un de nous devait mourir. Il y avait le choix entre le jeune et prometteur, face au vieux sage. Entre ces deux options, soupira-t-elle, la nature favorise toujours la jeunesse. (Elle soupira à nouveau.) J’ai choisi de m’incliner devant la volonté de la nature. Mon temps est révolu depuis plus de quarante ans. Je peux rejoindre mon Maître et mes vieux camarades.

Jacen sentit les larmes lui monter aux yeux.

— J’aurais aimé que les choses se passent autrement.

— Qu’est-ce que je viens de dire à propos des impossibles souhaits ? demanda Vergere sur un ton très sévère.

Jacen se passa les bras autour du corps pour essayer de se réchauffer. Il se frotta les avant-bras afin de faciliter la circulation du sang et commença à claquer des dents.

— Est-ce que tu peux au moins m’aider à rester au chaud ? demanda-t-il.

Une lueur d’amusement pointa dans le regard de Vergere.

— Mes capacités dans ce domaine sont nécessairement limitées. Je suggère que tu fasses appel à tes amis.

 

Mara sentit la tension se relâcher lorsque Sien Sovv lui fit part du rapport provenant du vaisseau amiral de Garm Bel Iblis.

— Maître Skywalker nous signale que les Jedi qui étaient piégés sur la lune ont survécu. En fait, aucun blessé n’a été signalé dans le camp des Jedi.

Sovv avait l’air aussi satisfait que les traits de son visage à grosses bajoues le lui permettaient. Son pas semblait plus léger et ses petits yeux en boutons de bottine luisaient. Il se tourna vers Ackbar.

— Votre plan était excellent, Monsieur, dit-il. Il a fonctionné à la perfection.

Ackbar fit un geste modeste.

— J’aurais dû prévoir le débarquement sur Ebaq. (Ses mots paraissaient noyés dans sa gorge. Sa peau avait viré au grisâtre.) J’aurais dû insister pour que des troupes au sol aillent défendre la lune.

Le Suprême Commandeur n’avait pas l’intention de laisser ces remords lui gâcher son plaisir de la victoire.

— En tout cas, nous sommes parvenus au résultat espéré ! déclara Sovv. (Il fit un geste vers la carte holographique représentant le système d’Ebaq.) Regardez, Monsieur ! Plus un seul appareil ennemi survivant ! On ne voit que des témoins lumineux bleus !

Ackbar laissa retomber sa lourde tête et les barbillons de son menton caressèrent sa poitrine.

— J’aurais dû le prévoir… répéta-t-il.

Winter adressa un coup d’œil à Mara.

— Nous devrions ramener Ackbar chez lui. Voulez-vous m’aider ?

Mara et Winter prirent chacune un bras de l’amiral et l’aidèrent à se lever. Alors qu’ils allaient sortir du centre de commandement, Nylykerka alla à la rencontre de Mara.

— On va pouvoir démanteler les réseaux d’espions ! déclara-t-il. Les Yuuzhan Vong ne croiront plus jamais les informations qu’ils pourraient leur envoyer.

— J’ai réfléchi à la question, dit Mara. Peut-être que nous devrions en maintenir un en place.

Nylykerka, perplexe, pencha la tête de côté.

— Vraiment ? Expliquez-moi votre raisonnement.

— Si nous démantelons deux des réseaux et que nous ne touchons pas au troisième, cela donnera plus de foi à ce troisième réseau…

— Hum… Une idée bien intrigante…

Mara et Nylykerka débattirent du sujet jusqu’aux portes de la navette.

 

Luke avait hâte de monter une expédition de sauvetage le plus rapidement possible, mais le puits central d’Ebaq Neuf était encore beaucoup trop chaud et beaucoup trop radioactif pour que des êtres vivants puissent y pénétrer. On y envoya des droïdes avec de la nourriture, de l’eau, du chauffage, des lits et des tentes pressurisées pour que les survivants puissent attendre plus confortablement le refroidissement de la petite lune. On envoya également des élévateurs Cybot, s’appuyant sur le fait que leurs unités cognitives peu sophistiquées n’auraient pas à souffrir des radiations. Des droïdes médicaux se joignirent également au contingent. L’un d’entre eux gela sur place dès son arrivée avant de succomber aux radiations, mais les autres demeurèrent intacts.

On trouva Jacen au fond d’un tunnel. Il essayait de se maintenir au chaud en puisant son énergie dans le lien Jedi. Il installa sa tente, procéda à sa pressurisation et à son alimentation en oxygène, brancha le radiateur et avala une grande quantité de boissons chaudes. Le droïde médical le déclara en bonne santé.

Les droïdes élévateurs localisèrent Jaina, mais furent incapables d’escalader la bouche de ventilation pour rejoindre la galerie où elle s’était réfugiée. Tesar, Lowbacca et elle n’eurent aucune difficulté à sauter et, grâce aux puissants projecteurs des élévateurs, elle découvrit les piles de cadavres Yuuzhan Vong qui encombraient le tunnel. Elle détourna les yeux, espérant ne pas vomir à l’intérieur de sa combinaison pressurisée.

La voix du droïde médical résonna dans les écouteurs de Jaina.

— Je souhaiterais vous examiner, ainsi que vos compagnons.

— Nous allons bien, répondit Jaina. (Si je ne vomis pas ! ajouta-t-elle en pensée.) Un de mes pilotes est blessé et vous devriez vous en occuper en priorité. Retournez d’où vous venez, prenez le premier embranchement en face à gauche à la prochaine intersection. Envoyez un signal sur ces fréquences, le reste du groupe devrait vous répondre.

— Très bien.

— Emmenez un des droïdes élévateurs avec vous. Les pilotes auront certainement besoin de ravitaillement et de matériel, et puis il y aura un corps à évacuer.

Voire des milliers de corps…

Le droïde pivota et se mit en route. Jaina fut stupéfaite de voir la tête du droïde se détacher de ses épaules et aller rebondir contre la paroi du tunnel.

 

Tsavong Lah s’était évanoui quelques secondes après la dépressurisation du tunnel. Il avait survécu parce que ses assistants avaient créé un rempart tout autour de lui, afin qu’il ne soit pas bousculé et piétiné par les guerriers Yuuzhan Vong pris de panique. Ce répit de courte durée avait également permis à l’un des subalternes de passer à son supérieur un gnullith pour l’alimenter en oxygène et un grimage Ooglith pour le protéger du vide et du froid.

Lorsque le Maître de Guerre revint à lui, respirant grâce à l’appendice du gnullith enfoui au fond de sa gorge, il se trouvait sous une pile de cadavres, pour la plupart ses subalternes. Le désespoir s’empara d’abord de lui. Il savait qu’il avait échoué, que sa flotte avait été détruite ou forcée à battre en retraite, que sa vengeance personnelle contre les jumeaux Jedi ne l’avait mené à rien. Il envisagea quelques instants d’arracher le gnullith de son visage et de se laisser mourir au milieu de ces braves guerriers qu’il avait lui-même conduits à la mort.

Mais il se souvint que Jaina et ses camarades devaient se trouver dans les parages. S’ils avaient eu la possibilité de se replier pendant qu’il était inconscient, alors son acte de vengeance serait certainement compromis. Mais il n’y avait pas de raison pour qu’ils aient bougé. Jaina devait toujours se trouver au sommet de la bouche de ventilation. Revigoré par l’espoir, il s’empara de son bâton de commandeur et entreprit d’escalader la pile de dépouilles. Parvenu au sommet, il rassembla un stock d’armes. Son bâton et les autres bâtons Amphi étaient tous morts, mais ils avaient gelé dans diverses configurations qui pourraient s’avérer utiles. Les scarabées paralysants et les autres insectes employés comme armes de jet ne valaient guère plus que des morceaux de cailloux. En revanche, la gelée blorash était conservée en animation suspendue et résisterait suffisamment longtemps pour remplir sa tâche une fois activée. Quand l’arsenal fut prêt, Tsavong Lah regagna le pied de la pile de cadavres. Là, il se glissa sous un enchevêtrement de bras et de jambes afin de se cacher.

Quel dommage de ne pas pouvoir finalement affronter Jacen Solo en personne ! se dit-il. Mais il se réjouit à la pensée de tuer Jaina. Assassiner la sœur reviendrait à affecter considérablement le frère. Jacen serait obligé de vivre à jamais avec son chagrin, ce qui serait encore plus douloureux que de mourir des mains du Maître de Guerre. Un triomphe glacé résonna dans ses nerfs lorsqu’il détecta les puissants projecteurs des droïdes élévateurs qui approchaient dans le tunnel. Il plissa les yeux pour concentrer son regard sur la bouche d’aération qui béait à quelques mètres au-dessus de sa tête. Bientôt, il passerait à l’attaque et serait vengé.

 

Jaina pivota tout en dégainant son sabre laser, dans l’intention d’éviter son adversaire. Mais ses pieds venaient d’être curieusement collés au sol et elle bascula de côté. Le hasard fit bien les choses car, à ce moment précis, le Yuuzhan Vong projeta son bâton de commandement comme un javelot.

L’arme manqua Jaina complètement mais empala Lowbacca, le traversant de part en part au niveau de l’épaule. Le Wookiee poussa un rugissement et tituba – comme Jaina, il avait les pieds coincés – et il tomba à la renverse sur Tesar, qui était en train de dégainer son blaster. De petits jets d’air s’échappèrent de la combinaison de Lowie, se cristallisant immédiatement dans le vide spatial et retombant en scintillants flocons de givre sur le sol.

A moitié assourdie par le hurlement du Wookiee transmis par ses écouteurs, Jaina tenta de se relever à la force de ses bras, aidée par la faible gravité. Son sabre laser projeta de doux reflets violets sur les parois du puits de mine. Le guerrier s’empara d’un bâton Amphi dans le stock d’armes qu’il avait rassemblé à proximité et l’abattit vers la tête de la jeune femme.

Jaina était clouée au sol par la gelée blorash et son adversaire se trouvait derrière elle. Son casque intégral l’empêchait de regarder correctement en arrière. Elle ne comprit qu’elle était attaquée que lorsqu’elle vit l’ombre menaçante du Yuuzhan

Vong se dessiner sur le mur grâce aux projecteurs des élévateurs. Prestement, elle abattit son sabre laser par-dessus son épaule pour se protéger du coup. L’impact des deux armes manqua de lui démettre le bras.

Son cœur battit jusque dans ses oreilles. Elle pivota aussi loin qu’elle le put vers la droite afin de voir son assaillant et de parer ses futures séries d’attaques furieuses. L’individu se glissa sur sa gauche. Jaina se tourna vers lui et fit fouetter son sabre laser dans une parade du haut vers le bas. Encore une fois, l’impact fut terrible et elle faillit lâcher son arme. Le Yuuzhan Vong attaqua à nouveau, tenant son bâton Amphi à deux mains, et Jaina se démena pour repousser ses assauts. Dans sa situation, elle n’avait aucune ouverture pour pouvoir elle-même attaquer et les chocs répétés commençaient à lui ankyloser les bras. Si quelque chose ne se produisait pas rapidement, elle finirait par totalement lâcher prise.

Le duel dans le vide spatial continua dans un silence total. Jaina, dans son casque et dans sa tête, n’entendait plus que son souffle erratique et les battements effrénés de son cœur. Soudain, le silence fut rompu par un gémissement de Lowbacca dans les écouteurs. Tesar venait d’arracher le bâton fiché dans son épaule.

— C’est Tsavong Lah !

Jaina fut abasourdie par la révélation que son compagnon d’armes venait de lancer dans l’intercom. Le visage du Maître de Guerre Yuuzhan Vong était bien connu des citoyens de la Nouvelle République.

— Tire-lui dessus ! cria Jaina.

Elle n’avait que faire de son identité. La seule chose qu’elle souhaitait, c’était qu’il meure au plus vite et que son petit groupe soit enfin en sécurité.

Tesar s’exécuta et décocha un rayon vers le Maître de Guerre. L’étincelant trait de lumière se refléta sur les parois rocheuses du tunnel. Le Yuuzhan Vong fit un bond sur la droite de Jaina afin de se servir de la jeune femme comme d’un bouclier contre le blaster de Tesar.

— Ce Barabel doit s’occuper de Lowie ! cria Tesar. Il est en train de perdre tout son air ! Tu dois t’occuper du Yuuzhan Vong !

— Merci du conseil ! marmonna Jaina.

Elle se tordit de nouveau vers la droite, transformant son mouvement en attaque. Elle trancha l’extrémité du bâton Amphi congelé. Tsavong Lah s’écarta et, hors de portée, ramassa une autre arme. Il chargea à nouveau, avec des assauts directs plutôt que des mouvements de balayage. Jaina fut en mesure de faire glisser sa lame en une parade circulaire et de résister en force. Mais, dans sa position inconfortable, elle ne parvint pas à appuyer de tout son poids pour désarmer son opposant. Sa lame heurta le bâton Amphi et y resta coincée.

A moins d’un mètre d’elle, elle vit Tsavong Lah retrousser ses lèvres en une grimace de triomphe. Le Yuuzhan Vong lui administra un coup de pied, enfonçant son talon dans la cuisse de la jeune femme. Une effroyable décharge de douleur se propagea dans son genou et dans sa jambe. Jaina poussa un cri, lâcha son sabre laser et bascula vers l’avant. Un peu plus loin, elle vit Lowbacca, recroquevillé devant Tesar. Ses deux compagnons étaient maintenus au sol par des bandes de gelée blorash. Lowie pressait sa main contre son épaule, afin de contrôler la fuite d’air de sa combinaison, tandis que Tesar était en train de panser la blessure dans le dos du Wookiee.

Jaina invoqua la Force, décrocha le sabre laser de la ceinture de Lowie, le fit voler jusqu’à sa main et l’activa tout en se relevant. Tsavong Lah venait tout juste de lancer l’arme de Jaina au loin et s’apprêtait à charger à nouveau. Il écarquilla les yeux de surprise lorsque, d’un revers de sa lame, Jaina trancha deux des griffes de la patte de radank qu’on avait greffée à la place de son bras.

Le Maître de Guerre fit quelques pas en arrière. Un sang noir s’écoula de sa blessure et tomba vers le sol dans une élégante lenteur. Jaina releva sa garde et pointa la lame vers le visage de son ennemi. Il la foudroya du regard et ses yeux témoignaient de sa féroce volonté de vouloir en finir avec la jeune femme.

— Comment va Lowie ? demanda-t-elle.

— Il s’est évanoui. Ce Barabel a pansé la blessure du dos mais la blessure avant est toujours béante.

Jaina vit Tsavong Lah assurer sa prise sur son bâton Amphi et planter ses ergots dans le sol.

— Dépêche-toi, dit-il. Je crois que je l’ai énervé.

Le Yuuzhan Vong chargea. Son bâton Amphi ne fut plus qu’un tourbillon flou. Il attaqua Jaina par la droite, obligeant la jeune femme à baisser sa garde, puis enchaîna par un coup de fouet à la tête par la gauche. Jaina réussit à parer dans les temps mais l’impact la catapulta en arrière et tout son air fut expulsé de ses poumons. Baissant la tête, elle découvrit le doux reflet violet de son propre sabre laser, gisant à terre derrière les jambes du Maître de Guerre. Elle se redressa et fouetta furieusement contre le bâton Amphi, entraînant le guerrier Yuuzhan Vong dans un enchaînement dément d’attaques, de feintes et de parades.

Soudain, Jaina invoqua de nouveau la Force. Elle souleva par la pensée son sabre laser et en ficha la lame violette dans la gorge de Tsavong Lah. Le Maître de Guerre s’effondra. Jaina ne lui adressa pas le moindre regard. Elle se tourna vers Tesar et Lowbacca. Tesar venait juste de terminer de colmater la combinaison pressurisée du Wookiee. Elle vit le vêtement étanche se gonfler à nouveau et la gueule de Lowie s’entrouvrir pour reprendre son souffle.

Tesar la regarda.

— La combinaison est colmatée, mais il faut soigner la blessure.

— Utilise le lien mental, dit Jaina, hors d’haleine. Dis à Oncle Luke qu’on a besoin d’un nouveau droïde médical et qu’il nous faut du sang pour transfuser Lowie.

— Sage décision.

Tesar se redressa puis regarda ses pieds. Il leva l’un d’entre eux et la gelée blorash se brisa comme du cristal.

Apparemment, elle ne supportait pas le vide et le froid de l’espace très longtemps.

— Bon, maintenant on peut se mettre en route, dit Jaina. Le moment est on ne peut plus opportun !

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